Le testament politique du Maréchal.
Le 10 juillet 1940, l'Assemblée nationale a donné tous pouvoirs au gouvernement de la République à l'effet de promulguer, sous mon autorité et ma signature, une nouvelle Constitution de l'État français.
Je ne me suis jamais dissimulé la difficulté d'un tel problème. Aucune des Constitutions dont nous avons fait l'essai depuis cent cinquante ans n'a réussi à s'implanter vraiment dans le pays. La dernière, qui a duré soixante-cinq ans, n'était d'ailleurs que l'assemblage de plusieurs lois constitutionnelles.
Cependant, ce que l'on m'a demandé, je l'ai fait.
Les messages que j'ai adressés aux Français ont préparé l'opinion pour créer des habitudes, des coutumes, des mœurs nouvelles.
Mon travail est là.
Dès mon premier appel, j'ai amorcé l'institution de la province, et déjà la région provisoire rend les services pratiques.
J'ai promulgué la Charte du travail pour humaniser l'industrie et rendre la lutte des classes difficile, sinon impossible.
J'ai imposé et je poursuis l'établissement de la corporation agricole, des corporations des pêches et de la marine marchande, du statut de l'artisanat ; j'ai fait renaître les ordres des professions libérales.
J'ai rendu à la famille une partie des pouvoirs légaux qui n'appartenaient qu'à l'individu.
Malgré d'immenses difficultés inhérentes à la situation, j'ai pu poser les bases vivantes d'un statut du peuple français, destiné à fonder un ordre nouveau.
Il reste à préciser le rouage supérieur de l'État qui doit englober cet ensemble et s'y imposer.
J'ai préparé certains textes à cet effet.
Un État souverain doit être indépendant.
Le problème supérieur ne peut donc trouver sa solution définitive aujourd'hui. En attendant, je suis là, prêt à compléter l'exécution du mandat qui m'a été conféré en juillet 1940 et à discuter les problèmes qui se poseront pour l'achèvement de la Constitution.
Source Aux côtés du Maréchal Pétain par le vice-amiral Fernet.